30 juin 2015

CFTC BPCE Sa Infos: François Pérol s’accroche à sa ligne de défense


29/06 | 19:41 | Par Valerie De SENNEVILLElesechos.fr

Au quatrième jour d’audience, le tribunal cherche toujours à connaître le degré d’influence de l’ancien conseiller de l’Elysée dans la création de la BPCE. Mais le président de l’audience a de plus en plus de mal à suivre sans barguigner la ligne de défense de l’ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée.

Coriace mais calme, « non, non, je ne pense pas M. Le Président ». François Pérol s’accroche coûte que coûte à la ligne de défense qu’il s’est choisi depuis le début de l’audience : il n’a pris aucune décision, n’a été ni l’instrument ni le maître d’œuvre de la fusion des Caisses d’Epargne et de Banque Populaire et, de son point de vue, il n’y avait aucun problème déontologique à sa nomination à la tête du futur ensemble. Mais au quatrième jour d’audience, le président Peimane Ghaleh-Marzban semble avoir de plus en plus de mal à croire à ce scénario.
L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy est jugé en correctionnelle pour « prise illégale d’intérêts » pour avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du nouveau groupe BPCE né de la fusion des Caisses d’Épargne et des Banques Populaires, alors qu’il avait suivi le dossier de la fusion à l’Elysée. Mais François Pérol répète comme une antienne qu’ « ils (le Trésor, la banque de France Ndlr) pensent que …. il fallait fusionner, qu’une aide serait apportée à l’ensemble fusionné, il va falloir un dirigeant et l’annonce devra en être faite le 26 février ». Comme pour mieux signifier que ces éléments qui sont au cœur du débat n’étaient pas entre ses mains.
Les arguments ont cependant commencé à vaciller lors de l’audition jeudi dernier de Claude Guéant . L’ex-secrétaire général de l’Elysée avait créé la surprise en affirmant que c’était Nicolas Sarkozy lui-même qui avait proposé le nom de François Pérol à la tête du futur groupe bancaire, ajoutant que l’ancien président suivait avec intérêt ce dossier qui « ne le laissait pas indifférent ». D’ailleurs le président ne manque pas de le rappeler : « M. Guéant nous a clairement dit que le président de la République s’était emparé du dossier (de la création de la BPCE Ndlr), il ne serait pas choquant que son plus proche collaborateur s’en empare aussi ».
Poing contre la joue, sourcils froncés, Peimane Ghaleh-Marzban ressemble à un matou observant la souris qu’il va croquer. Il regarde François Pérol un léger sourire aux lèvres et écoute les réponses de l’ancien conseiller qui s’enfonce inexorablement dans son axe de défense. Et le président reprend « mais enfin M. Pérol, expliquez-moi. Vous avez dit que la Présidence de la République n’était pas porteuse de décision. Dans le même temps vous nous avez expliqué que la présidence de la République pouvait s’emparer du sujet par un pouvoir d’évocation et M. Guéant a totalement assumé cette perception. Convenez qu’il y a deux visages de l’Elysée : celui vecteur de communication de décision prise par d’autres, et parallèlement celui d’une présidence active ».

« Une forme d’assurance »

Mais François Pérol ne dévie pas : il n’est pour rien dans tout ça et surtout pas dans sa nomination. Le président reprend donc l’offensive. Le 21 février, messieurs Comolet et Dupont sont convoqués à l’Elysée. Le président de la République est là. Il va proposer François Pérol pour prendre la tête du futur ensemble. « La réunion a été souhaitée par le président de la République après que je lui ai dit que j’étais d’accord pour présenter ma candidature à la présidence du groupe. Le président était un peu agacé que sept mois après l’annonce de la fusion ils (les dirigeants de l’époque Ndlr) ne pouvaient toujours pas se mettre d’accord sur un nom », explique François Pérol qui insiste sur le fait que cette réunion ne devait que « proposer » sa candidature
« Vous pensez vraiment que quand on leur dit : « Je pense qu’il faut François Pérol, je ne souhaite pas le voir partir, mais c’est quand même le meilleur, vous pensez vraiment qu’ils avaient une marge de manœuvre », insiste le président.
Jeu du chat et de la souris permanent entre le prévenu et le président de l’audience qui s’avance maintenant vers un morceau de choix : la non saisine de la commission de déontologie à propos de sa nomination à la tête du groupe bancaire BPCE.
« Je pensais que cela ne posait pas de problème déontologique » se défend François Pérol. Interrogé par le président Peimane Ghaleh-Marzban sur les circonstances dans lesquelles Nicolas Sarkozy lui a fait cette proposition, François Pérol a situé l’entretien au 18 février dans le bureau présidentiel à l’Elysée, où il était venu faire le point sur l’avancement du projet de fusion en cours.
« Pourquoi alors dites-moi Claude Guéant appelle, la veille de la réunion du 21 février la commission de déontologie si vous pensiez que vous n’aviez pas à l’appeler », s’interroge le président. « C’était une forme d’assurance, un confort », admet François Pérol « mais j’ai toujours pensé que je ne rentrais pas dans les dispositions de la saisine obligatoire de la commission déontologie ou du code pénal ».
« Pourquoi alors téléphoner à M. Fouquet (le président de la commission de déontologie de l’époque) pourquoi autant de pression sur lui ensuite pour qu’il fasse une note ? », s’interroge la représentante du ministère public Ulrika Weiss. « Mais enfin c’est le président de la commission de déontologie qui suggère cette lettre à Claude Guéant », s’agace François Pérol qui a « pensé que la polémique était politique ».

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